mardi 12 novembre 2013

Aubonne : ville ou village ?


Pourquoi dit-on « ville » d’Aubonne alors que ce grand village, oublié de la ligne ferroviaire Lausanne-Genève en 1858 et dépossédé de son statut de chef-lieu de district en 2008, compte à peine 3'000 habitants ?
Simplement parce qu’en 1234 (moyen mnémotechnique facile), Aubonne - possédant tous les prérequis d’une « ville » : château, murailles et marché hebdomadaire - en obtint le statut.
Et puis saviez-vous qu’en 1970, cette ville comptait encore trois boucheries, deux laiteries, six épiceries et trois commerces de vin ? Ou que sur les 2'300 emplois des 250 entreprises sises à Aubonne, seuls 28% profitent aux habitants ? Qu’à l’inverse, alors qu’en 1980, les Aubonnois voyageaient en moyenne 15 minutes quotidiennement pour aller travailler, le déplacement dure aujourd’hui 45 minutes ?
Ce sont - entre moult autres ! – des informations glanées dans Aubonne, charme et dynamisme, un bel ouvrage collectif publié cette année.
Pour le visiteur, Aubonne, c’est avant tout le dôme de son château. C’est exaltant d’y reconnaître le rêve oriental d’un baron, une tour imitant le minaret d’une mosquée.
Exaltant aussi de savoir que dans la cour intérieure de ce château, sur un pavage en galets qui rappelle les motifs d’un tapis persan, le regretté Franck Jotterand, natif d’Aubonne, y présentait  en 1956 sa Fête des vignerons de La Côte.
Exaltant enfin d’apprendre que ce château, transformé en prison de district puis en école, compta parmi ses « roille-gosses » un certain Charles-Ferdinand Ramuz : « je suis maintenant au collège d’Aubonne, petite ville encore vaguement moyenâgeuse, avec des maisons moussues sous le lierre, des rues silencieuses et vides, le certain charme des villes mortes qui gardent des traces d’ancienne vitalité et des vestiges de fortune ; je donne des leçons au collège où j’ai un remplacement de six mois. Le métier est le plus ennuyeux qu’on puisse rêver ».
Franck Jotterand - qui a réalisé en 1961 un film intitulé Ramuz, passage d’un poète - semblait partager parfois l’ennui de son aîné : « les Aubonnois sont heureux : ils ont un esprit large et un chemin de fer à voie étroite. Il s’accoudent à leurs fenêtres bariolées de géraniums et regardent passer les gens. Il en passe de moins en moins »…
Ces propos annoncent de prochains défis. En 50 ans, la population d’Aubonne a augmenté de 75%. Puisse son bourg ne pas devenir un musée, ni sa périphérie, une cité dortoir. Puisse Aubonne conserver la tradition festive des « Aubonn’apéros », la créativité d’un Georges de Mestral, inventeur du velcro, et l’imagination foisonnante de son peintre et sculpteur Eric Moinat ! Puisse Aubonne rester une ville, vivante et vivifiante !

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