mercredi 12 janvier 2011

Vous indignez-vous ?

Indignez-vous ! : vous n'avez pu échapper au best-seller du mois de décembre (le cadeau de Noël idéal), un tout petit pamphlet (20 pages) de Stéphane Hessel, 93 ans, l'homme de la Résistance, des Droits de l'Homme, de la décolonisation, de la lutte pro-palestinienne, etc.

J'ai alors voulu partager cela avec une vingtaine de jeunes âgés de 16-18 ans. Leur a-t-il parlé ? L'ont-ils aimé ? Le recommanderaient-ils à leurs amis ? Non, non et non. Trop moralisateur, trop passéiste, trop naïf... Et bien, jeunes gens, à vos plumes !

"Je m'indigne contre ma mère : un esprit sain dans un corps sain. Et contre mon père : métro, boulot, dodo..."

"Il faut avoir son bac, sans lequel il est dur de gagner du pognon. Le pognon, tout tourne autour de ça dans cette société..."

"Le premier drame qui m'a marquée est l'attentat du 11 septembre, j'avais presque 8 ans..."

"On pose ses fesses sur une chaise et on subit. Ce n'est plus l'école, mais pas encore l'université. Ce n'est plus la balançoire, mais pas encore l'autonomie. C'est le purgatoire..."

"L'autorité est le plus inconcevable des fléaux. C'est inadmissible d'être assistés comme nous assistent les gouvernements, les professeurs, les patrons, la police..."

"Un train de vie insipide. Tu écoutes la radio : six morts dont une fillette de 9 ans, un tueur fou... Alors tu changes la fréquence, même sujet, mais tu apprends qu'une dame a risqué sa vie pour arrêter le tueur fou. Alors toi aussi, tu essaies..."

"L'indignation est accessible aux courageux, téméraires, aventuriers, révolutionnaires, fous, malades, soldats, résistants, et au peuple..."

"Cette société me tue, me rend plus dure. 18 ans, c'est l'âge de la dépression. De toute façon, c'est passager et tout le monde s'en tape..."

"On a déjà essayé et ça n'a pas marché, on n'est pas prêt de recommencer..."

"Je m'indigne contre le racisme et me surprends à changer de trottoir à la vue d'un homme noir à capuche..."

"Je vais leur montrer que ce n'est parce qu'ils m'ont conçu que je dois les aimer, les vénérer. Aujourd'hui, je commence ma vie. Plus rien à faire de leur avis..."

"Avoir le lait, le beurre et l'argent du beurre (pour les plus malins, se taper la fermière aux gros seins). Les gens honnêtes, ce sont eux qui se font bouffer. Pour garder la tête hors de l'eau, tu dois baiser ton voisin..."

"Je m'indigne contre la lassitude générale, cette jeunesse centrée sur elle-même qui pense n'avoir rien à apprendre. Les mouvements punks et hippies défendaient une cause. Les mouvements d'aujourd'hui n'ont qu'un simple but esthétique..."

"On a tous envie de lutter, de faire quelque chose contre le chaos. Mais quelque chose nous en empêche. Peut-être la fainéantise, ou la timidité. 16 ans, c'est l'âge où on aimerait s'indigner..."

"Je m'indigne contre le temps qui passe, se déroule, se décuple et nous rapproche de la fin..."

"Je m'indigne contre ceux qui s'indignent. Et ce n'est pas ce qui manque. S'indigner, ça donne de la contenance, ça montre qu'on lit le journal, qu'on s'intéresse aux autres... Je décide de ne pas m'indigner..."

"Profitons, positivons, oui, soyons optimistes et faisons les bons choix, profitons, oui, profitons. Stop à l'indignation et place à l'optimisme, à la joie de vivre, oui, car trop penser tue..."

Stéphane Hessel, Indignez-vous !, éd. Indigène, 2010

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