vendredi 4 septembre 2009

« Laissons dire et faisons bien »

Il est ardu de parler des terres qui t’ont vu naître. Les villages d’antan (volets verts, grands toits roux, postes et pintes) ne sont plus.

Une maison, trois carreaux retournés,
Une porte qu’on ne ferme pas à clef
Et du bois dans des caisses à pommes.
Et une femme, un drapeau, un homme ;

Les blés avaient la taille d’un enfant…
Des balles rondes (les jouets d’un géant ?),
Un stand qui tire par-dessus un étang,
Les pompiers, la Jeunesse, des bouteilles de blanc.

« Après moi, c’est terminé », pleure Rolland, le vieux gérant. Il a tort bien-sûr, car dans ces terres peuplées de pendulaires, d’Allobroges et d’allophones, tu sais que la ville est à la campagne et la campagne à la ville. Plus d’air, plus de bruit, plus de fusions, plus de rires, plus de cris, plus de larmes aussi, plus de vie.

Vers Reverolle roule un car postal
(Un d’Berolle voyage en char agricole).
Une carte postale de Préverenges-plage :
L’Espagnol l’appelle sa Costa del Sol !

L’Isle a vu la Venoge voir le jour,
Tomber du Jura comme d’un abat-jour.
Sur le Léman, santé l’Aubonne !
Sur le Léman, vive l’Hexagone !

Vergers couverts et bois rebiolés.
Rien ne dépasse. Sinon l’or des clochers.
Sur chacun d’eux veille un gallinacé.
Les douze coups de midi. Il est l’heure de rentrer.

Un refrain de chez toi ? Rien ne vient. Sinon ce frisson qui festoie en silence. À partir de là, de t’éteindre soudain, tu te dis pour toi : « aucune importance ».

Titre : devise gravée sur la Tour de l’horloge, à Saint-Prex.
(publié dans le Journal de Morges le 4 septembre 2009)

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