jeudi 10 décembre 2009

Une dette envers l’islam

La peur. Après la honte, la colère et la cogitation. J’avais peur que ce 29 novembre soit un indice supplémentaire du conflit de civilisations qui guette, peur que la petite histoire (l'actualité) amoche irréversiblement la Grande Histoire (les fondements des civilisations).
Seulement voilà, la petite histoire distille aussi ses bonnes nouvelles : heureux hasard du calendrier, les éditions neuchâteloises Chaman publient dans quelques jours Traces, un beau livre signé Georges A. Bertrand, photographe, historien de l’Art et écrivain français (il est notamment l’auteur d’un Dictionnaire étymologique des mots français venant de l’arabe, du turc et du persan). C’est un livre qui tombe à pic et qui pourrait être polémique… s’il n’appartenait à la Grande Histoire.
«Nos concitoyens auront du mal à comprendre que l'on doive quelque chose aux Arabes », anticipe à juste titre Georges A. Bertrand. Voilà pourquoi son ouvrage s’ouvre sur une citation rafraîchissante de Goethe : « celui qui se connaît lui-même et les autres reconnaîtra aussi ceci : l’Orient et l’Occident ne peuvent être séparés ».
Toute l’enquête photographique de Georges A. Bertrand naît d’un constat pour le moins naïf : les portails des églises du Limousin, au cœur de la France, ressemblent étrangement aux portails des mosquées qu’il a vus dans l’ouest de l’Algérie. L’intuition et la persévérance feront le reste. Son ouvrage prouve que l’Occident chrétien et l’Occident musulman n’ont pas connu uniquement des relations conflictuelles et que les Arabes ont maints fois joué le rôle de passeurs, dans le temps comme dans l’espace. Au moyen d’images qui se superposent, Traces atteste des emprunts de l’architecture chrétienne aux arts islamiques (les ornements, les sculptures, les arabesques, les entrelacs).
En refermant l’ouvrage, une conclusion s’impose au lecteur. L’Occident a une dette envers le monde musulman ; ce dernier a été l’un des terreaux qui permit la floraison de la civilisation européenne. Et vice-versa !!!
En Suisse, l’avenir de Traces s’annonce bien… en partie grâce aux votations du 29 novembre. L’auteur se plaît à relayer l’enthousiasme de son éditeur, basé en Suisse : « il m'a dit que les commandes du livre explosaient là-bas ! ».
Alors la peur se dissipe peu à peu : la Grande Histoire saura faire taire la petite.
(publié dans Le Nouvelliste le 10 décembre 2009)
PS : Bonus ici...

3 commentaires:

  1. Monsieur BLAISE HOFMANN, je n'ai absolument pas peur, je ne veux simplement pas d'une idéologie qui me prive de la liberté de penser et d'agir comme bon me semble, du moment que je respecte mon voisin. Vous parlez de honte et de colère, si vous ressentez cela, c'est votre problème, depuis ce dimanche glorieux. Quant à moi je suis fier et vis dans un sentiment de volupté total. Vous parlez de cogitation, vous les journalistes vous cogitez, vous brassez de l'air, vous ne voulez pas acceptez le verdict du peuple, dommage pour vous.

    Venons en à vos amalgames, vous parlez de l'apport des "arabes", je n'ai absolument pas voté contre les arabes, mais contre une idéologie qui a pour nom « l'islam » : Ceci l'article 16 de notre seul livre sacré, la Constitution Fédérale me le permet, l'alinéa 2 en particulier me permet de dire tout ce que je pense de l'islam. Je ne puis rien dire de mal des arabes car ce sont des personnes et ceci serait du racisme, je n’en ai aucunement l’intention d’ailleurs. Je fulmine quand j’entends amalgamer les deux choses. Oui la civilisation arabe fut une grande civilisation avant l’arrivée de l’islam. Oui nous avons des mots issus de l’arabe comme de toutes les autres langues d’ailleurs. Même des Perses qui ne sont pas des arabes. Leur seul point commun c’est l’islam.

    Je pense qu’il vous faut lire le coran, afin que vous vous rendiez compte le mal et la coercition elle apporte à l’homme et Aristote au mont Saint-Michel : Les racines grecques de l'Europe chrétienne.

    Autre point, voulez-vous m’expliquer pourquoi les tenants de l’islam ont cette arrogance de nous imposer leur idéologie, aucune autre idéologie ne le fait, elles vivent sans bruit en respectant nos lois, us et coutumes, le peuple n’accepte pas cela, mais c’est trop difficile de comprendre pour les politiciens, si le parlement avait voté une loi pour qu’aucune de leurs revendications ne puissent être prise en compte si elle affecte l’espace publique. C’est d’ailleurs à la suite de l’affaire des papiers d’identités d’une femme bâchée à Bienne et que le TF lui a donné raison que ma décision fut prise qu’a la première occasion je voterai comme je l’ai fait, l’attente fut longue mais la délectation que j’en ai tiré le 29 novembre 2009 fut magique.

    Si le parlement a reçu le message pour élaborer une loi afin que le TF ne puisse plus donner raison à n’importe quelle idéologie, il aura compris la leçon, si non il y aura de nouveau une initiative plus dure encore.
    Je me fais beaucoup de soucis pour les autres pays européens, ils ne peuvent s’exprimer par un vote, j’ai bien peur qu’un jour les armes parleront, alors saluons notre démocratie et notre peuple.

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  2. Jouer sur les mots, par bibliothèques interposées… Merci pour ce rafraîchissement de dates historiques… Bien sûr que je n’amalgame pas Arabes et Musulmans.
    Mais plus que de dates, j’aurais aimé évoquer ma lecture du Coran, entre Oman et le Yemen, pendant le Ramadan, en 2003 ; ces phrases cycliques faites pour être récitées, endurées et partagées, en communauté (il faut avoir bénéficié de leur hospitalité sans faille…), et non pas lues « à la lettre » par des analystes politico-philosophes du troisième millénaire occidental.
    Cet article n’avait que pour but de montrer que, quoi que nous fassions (votions), la petite Suisse est unie au monde musulman (1,57 milliards de fidèles). Cela, dans un sens comme dans l’autre.
    D’eux à nous : cet article évoque simplement un livre magnifique : une anecdote pour confirmer le tout !
    De nous à eux : l’an dernier, je parcourais lentement la rive nord de la Méditerranée… Au Maroc, les Espagnols catholiques ont acheté les plus beaux villages du Rif. A Oujdah, le prêtre Joseph travaille dans sa cathédrale, côte à côte avec une mosquée. En Algérie, Annaba et sa basilique Saint-Augustin, construite par les Français entre 1881 et 1900. Constantine, jadis la plus grande communauté juive d’Afrique noire ("La Jérusalem du Maghreb"). A Oran, l’église Saint-Louis, bâtie par les Espagnols sur les ruines d’une mosquée, devenue synagogue sous les Ottomans, cathédrale sous les Français, puis bibliothèque pour les enfants après l’Indépendance… En Libye, en pleine médina de Tripoli, des églises entretenues par des Egyptiens coptes (on peut lire : “Welcome, this historical church is part of Libyan's heritage. Please come inside and look around”). Et dans les cimetières de Tobrouk, des tombes de soldats juifs morts en Libye pour chasser les Italiens, des tombes de soldats musulmans "morts pour la France" lors de la bataille de Bir-Hakeim en 1942, etc. En Egypte, les quartiers coptes (environ 10% de la population nationale). Au Liban, l’obligation constitutionnelle d’élire un président maronite (malgré une population à majorité musulmane)…
    Bref, oui, en vrac, trop rapidement et de manière brouillonne, la preuve que la Grande Histoire nous réunit. Pour le meilleur et pour le pire. Non, ce n’est pas une journée de votation (la petite histoire) qui changera la donne.

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  3. Confondre la culture arabe et l'islam, c'est commettre un contresens majeur. L'art mozarabe était un art chrétien. De nombreux artistes ou savants en Syrie, à Alexandrie ou en Andalousie étaient des chrétiens et des juifs. L'héritage antique est également très fort, comme dans les chapiteaux ou l'art des coupoles. Etre fasciné par l'islam comme beaucoup d'occidentaux en mal de bonne conscience ne justifie pas de sortir des âneries ...

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